Tous les passionnés du Sporting se souviennent de ses accélérations, de ses dribbles chaloupés. Ils se souviennent aussi de ce joueur qui s’agrippait à l’adversaire. Ratissant un nombre incalculable de ballons, ne lâchant jamais rien, ne reculant devant personne. Tous les supporters Azur et Or se sont levés sur ses débordements comme pour le pousser vers l’avant. Tous les fans se sont pris au moins une fois la tête dans les mains sur un de ces tirs frôlants la barre ou les poteaux ! Pour le peuple de la rade, il est définitivement estampillé made in Toulon. Tant il leur a prouvé à maintes reprises qu’il était comme eux. Tout le monde se souvient de cet homme brave, comme l’on dit chez nous et tout le monde se souvient de ses tresses aussi. Ce soir, c’est avec François Zahoui que je vous propose de passer un moment…
François, pourquoi avoir choisi le Sporting ?
En fait, je jouais avec le Nancy de Wenger et de Bruno Germain. On préparait le déplacement à Toulon et on savait tous que là-bas il y allait avoir un match d’hommes. Et ce match démarrait bien avant le coup d’envoi…. sous le tunnel. Et ce jour-là, je ne me suis pas laissé faire. Roland Courbis a été impressionné. Il m’a dit : ici, on a besoin de mecs qui ont du caractère ! On est coincé entre Marseille et Monaco. Il nous faut des guerriers, des hommes qui se battent, qui mouillent le maillot….
Tout comme les gars du RCT , quoi ! J’ai été content qu’il pense ça de moi. C’est vrai qu’à l’époque, avec Bastia, Toulon était réputé pour être « chaud » ! J’ai donc signé !
Quel joueur du Sporting t’a le plus marqué ?
Bernard Pardo. On s’était bien frité avec Nancy. Et ce gars là ,était un ange dans la vie ! Comme Luigi Alfano. Ils étaient capables de se métamorphoser sur le terrain, d’avoir une tête de tueur, de faire peur. Mais en dehors, c’était des mecs hyper doux et sympas. C’est un peu spécial cette métamorphose (rires). Laurent Paganelli aussi. C’était le plus jeune joueur, un petit bonhomme au milieu de ces géants, mais un génie !! Et quelle rigolade dans les vestiaires…. Roger Mendy pour le coté « black »… Le défenseur le plus technique que j’ai vu, la classe ! Et quand tu voyais arriver les Philippe Thys, Philippe Anziani, Antoine Kombouaré… des joueurs demandés par tous les plus grands clubs, mais qui débarquaient à Toulon, Tu étais forcément impressionné ! David Ginola, c’était très bon aussi. Luc Borrelli, un jeune homme qui attendait son tour derrière Joseph-Antoine Bel. Il l’a eu sa chance, l’a d’abord ratée, puis l’a reprise avec Jacques Songo’o et ne l’a plus lâché ! Il avait une vraie force mentale . J’ai vu cet adolescent devenir homme.
Au départ, à Toulon, il n’y avait que des joueurs venant du sud, ou au-dessous de Lyon. Puis avec les arrivées de Peter Bosz, Johannes Lammers, György Bognard ou Léonardo Rodriguez, ça a créé un autre état d’esprit. On a fait un mélange entre les sudistes et les autres. ça a changé le discourt. De combat, c’est passé à « foot ».
Un souvenir, une anecdote de ton passage au Sporting ?
Luigi était le roi pour faire sortir les gars de leur match. Il avait même réussi à faire péter les plombs à Cyrille Makanaky (rires). Je me souviens contre Lens. Il avait branché Hervé Arsène, ce pauvre Arsène qui me cherchait du regard, pour avoir un peu de soutien entre blacks (rires). Il avait réussis à le déstabiliser! Il y avait aussi Luis Fernandez, qui passait pour un dur à cuire, mais qui n’est jamais venu à Toulon avec le PSG… Nous craignait-il ? On se disait qu’il avait un peu la trouille.
Un match en particulier ?
Contre l’OM. La grosse équipe de Marseille avec Papin, Waddle. La semaine précédent le match, on avait eu des échos, des bruits que l’arbitre allait siffler un pénalty contre nous en fin de match. On s’était préparé à ça. On allait faire un gros match sans les toucher ! On allait faire attention. Et puis, on s’était dit, il ne va pas le faire chez nous, il ne va pas oser, pas sur notre territoire, et si.. Il a sifflé !
En quelques mots, si tu devais résumer ton aventure toulonnaise ?
C’est vraiment des moments d’émotions intenses.On a partagé quelque chose ensemble. Entre nous et avec le public ! Pour jouer ici, il ne fallait pas être juste un joueur, il fallait aimer ce club. On ne défendait pas qu’un simple maillot. Je n’arrive pas à le décrire. Ici il y a autre chose que je n’ai pas retrouvé ailleurs. Ce club et cette ville ne te laisse pas indifférent. Quand tu as porté ce maillot, tu dis, je suis passé par Toulon. C’est l’école de la vie. Quand je croise des gars qui ont joué ici, on a pas besoin de se parler, même des années après. ça veut dire, on y était, on a partagé des moments forts ensemble, on est Toulonnais ! On a défendu quelque chose, c’est magique ! Il y avait cette communion avec les supporters aussi. Toulon restera Toulon. D’ailleurs quand Pardo est parti à Marseille, j’ai hérité du brassard, malgré les Alfano, Jean-Louis Bérenguier qui étaient là depuis longtemps ou même Bernard Casoni.
Tu te dis : ça y est, je suis Toulonnais ! J’étais devenu le bouclier, fallait monter en première ligne, j’étais identifié au club !
Que deviens-tu ?
Je suis sélectionneur du Niger. Mais quand tu as connu la Côte d’Ivoire, c’est compliqué. Il n’y a pas de gros moyens, car il y a des priorités sécuritaires, comme la lutte contre Boko Haram. Mais malgré cela, on a réussi à envoyer nos U17 en coupe du monde. Et il y a 3 mois, nous avons fait un tournoi d’Afrique de l’ouest avec la Côte d’Ivoire, le Ghana, le Sénégal, le Nigéria et on a fini troisième.
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