Jamais au bon endroit, rarement au bon moment, plusieurs fois programmée, décalée puis ratée, la rencontre entre le “Trust Sogno Cavese” et “le Mouvement Azur et Or” ne s’est finalement pas encore réalisée. Bien qu’aucune des deux parties ne se soit décidées à renoncer, c’est donc pour le moment par mail que nous avons voulu en savoir plus sur le Cava United et sur la situation de l’actionnariat populaire en Italie. Entretien al dente avec Peppe A. Socio fondateur du club.
– Peppe, peux-tu nous présenter ton club et nous en donner une courte chronologie ?
Le Cava United Football Club est le premier « Community Club » italien né en 2014 grâce aux supporters du « Trust Sogno Cavese ». Cette association a été fondée en 2010 avec l’objectif de démocratiser et de promouvoir l’implication active des supporters dans la gouvernance et dans la propriété des clubs de football, selon des principes démocratiques (une personne, un vote), inclusifs et ancrés dans le territoire.
En constatant l’impossibilité de participer et d’entrer dans le capital social de l’équipe première de la ville de Cava de’ Tirreni, le « Trust Sogno Cavese » a décidé, à partir de 2012, de se consacrer exclusivement à une série d’activités sociales centrées sur le football : nous organisons et nous continuons à organiser des tournois de foot gratuits pour les enfants des orphelinats, pour les enfants des écoles élémentaires de la ville et nous collaborons avec une coopérative sociale qui organise tous les ans un tournoi avec des garçons en difficulté.
Pour aller plus loin et pour continuer à porter ces valeurs et à soutenir ces super activités qui constituent, pour nous, l’essence même du football, nous avons pensé, dès 2014, qu’il serait peut-être juste de pouvoir offrir également l’émotion des gradins d’un stade :
nous sommes alors entrés en action et nous avons donné vie à la « Società Sportiva Cooperativa per Azioni Cava United F.C ».
– Quel est ton rôle à Cava ?
Je suis membre du Conseil d’Administration de Cava United actuellement, en plus d’être associé et fondateur du « Trust Sogno Cavese » et socio du Club. Sincèrement, dans notre cas, les responsabilités sont simplement des appellations insérées à l’intérieur d’un organigramme : chacun des associés, sur la base du volontariat et dans les limites du temps disponible de chacun, essaye de contribuer à toutes les activités que comporte la gestion d’un club de foot et d’une association tournée vers les activités sociales, ce qui est le cas du « Trust Sogno Cavese ».
– Quelle est la situation de l’actionnariat populaire dans ton club ? Quelle est sa situation sportive à cette heure?
Le Cava United est et sera toujours contrôlé par le « Trust » aux 2/3. Le Conseil d’Administration est nommé par les associés-coopérateurs qui sont tous adhérents du « Trust Sogno Cavese ». D’un point de vue sportif, nous sommes repartis du dernier niveau du football Italien, en 3e catégorie, bien qu’en Italie, il soit assez courant – et c’est détestable – d’acheter les « titres sportifs » d’autres villes.
La première année, nous avons perdu la finale des play-off. L’an dernier nous avons gagné le championnat et cette année, nous sommes en compétition dans le championnat régional de seconde catégorie, donc. Depuis cette année, nous participons également au championnat des – de 17 : cet été nous avons effectué des sélections auxquelles ont participé plus d’une centaine de joueurs. Nous croyons vivement que c’est seulement à travers le développement et la croissance des secteurs de jeunes que nous pourrons garantir l’avenir et la croissance de notre équipe première.
– Quelle est la situation de l’actionnariat populaire en Italie ?
En Italie, le mouvement est en train de grandir et de se développer grâce à la naissance de « Supporters in Campo », l’organisation des « Supporters Trusts » italiens, constituée depuis 2013, dont nous avons été associés fondateurs et pour qui j’ai eu l’honneur d’être membre du Conseil de Coordination pendant 2 ans.
L’aspect le plus difficile et sur lequel nous sommes en train de travailler est l’aspect que j’appellerais »culturel » : pour le supporter moyen, il est bien plus simple de « rêver de l’arrivée d’un cheik » et de « déléguer » aux autres la responsabilité de gérer un club de football ! L’Histoire et les nombreuses faillites des clubs italiens, plus ou moins célèbres, dans toutes les divisions, on fait rejaillir ces idées du respect des vrais supporters, et ont fait naître une série d’initiatives intéressantes qui mettent en avant nos principes communs, et qui permettent d’obtenir d’ importants résultats en termes de participation au sein des clubs et de participer au contrôle et à la gouvernance des clubs de football.
– Tu es optimiste concernant l’actionnariat populaire ?
Je crois personnellement que c’est le meilleur moyen – et le seul – qui puisse garantir continuité et durabilité au fonctionnement global du football. C’est fondamental cependant que nous, supporters, nous fassions un bond en avant dans notre approche du foot : la viabilité financière d’un club de football devrait être une des premières préoccupations du fan de football et il est donc également nécessaire de regarder le résultat sportif d’une manière différente. C’est ce qui est difficile à faire accepter :
quel supporter ne voudrait pas voir son équipe gagner, tout le temps ?
– Un mot sur le football italien en général ?
Il y aurait beaucoup à dire, que ce soit au sujet des clubs ou de leur gouvernance.
La situation, je ne la vois pas particulièrement d’un bon œil. On voit le nombre d’investisseurs étrangers qui s’intéressent à nos clubs. Évidemment, ils le font pour le business. Je souhaite seulement que ne soit pas piétinée – comme ça arrive souvent – la passion des supporters au cours de leurs « transactions ».
– Quelles sont vos relations internationales ? Avec Supporters Direct Europe ? Avec les autres associations ?
« Trust Sogno Cavese » adhère à Supporters Direct depuis sa fondation et le Trust a vraiment été favorisé et soutenu par SD. Cava est aussi, d’autre part, partenaire italien du projet Erasmus+ « Clubs et Supporters pour une meilleure gouvernance du football » auquel les associations nationales de supporters participent, et parmi lesquels figurent « Supporters in Campo » et les clubs dont la gestion est confiée aux représentants des supporters, dont Schalke 04 et Malmö, par exemple.
Nous avons déjà participé aux deux rencontres à Londres et Manchester et nous serons à Malmö, le 25 novembre prochain, pour une session de formation sur les bonnes pratiques de gestion financière des clubs. Ce projet prévoit également des échanges réciproques entre les différents partenaires, et nous rencontrerons pour notre part le « Cap Ciudad de Murcia ».
– Quand est-ce qu’on s’organise un match entre nos associations ou entre nos clubs ?
Ce serait vraiment intéressant de réussir à se rencontrer avec nos associations et/ou clubs respectifs : l’échange est toujours positif et il ne peut qu’aider le mouvement des supporters et de leurs trusts. Essayons !
– Grazie Peppe !
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